Dans la relation mère-fille, l’ouverture à l’altérité et à la reconnaissance mutuelle se produit à partir d’une spécularité risquant de rester sans issue, dans la crainte, mais aussi la nécessité d’une perte irrémédiable. La séparation se présente comme une catastrophe tandis que le lien constitue une forme archaïque, et peutêtre plus directement interpsychique qu’objectale, de l’inceste. Comment les filles, et singulièrement les adolescentes, s’approprient-elles cette problématique désormais classique ? Les filles doivent transformer et modifier ce qu’elles reçoivent de leur mère, dans la confrontation et dans la culpabilité, parfois jusqu’à des conduites autopunitives. L’identification des adolescentes à leur mère oscille entre rejet et coïncidence spéculaire, entre accroche régressive mortifère et prise de risque contra-phobique. Le conflit est inévitable et la féminité de la fille trouverait ses sources dans la capacité d’en assumer la violence – il assure une cohésion étrange, entre l’amour et la haine se dessinent une différenciation et les voies d’une subjectivation. Le travail psychanalytique avec les adolescentes, dont on discutera les modalités variées, montre une constance de la difficulté à élaborer une filiation entre rapport excessif et rupture. Dans les meilleurs cas la négativité n’est que transitoire, la fille finissant par découvrir la femme dans l’altérité interne de la mère. Il faut savoir accompagner ce parcours, tout en maintenant vivante la fonction de l’interprétation – la marge de manœuvre est ici étroite : ceci introduit à une question plus générale concernant la pratique psychanalytique à tous les âges de la vie. Ce colloque cherchera à faire le point sur les hypothèses récentes concernant les troubles du lien et en particulier d’un excès de proximité psychique entre générations, d’un attachement maladif où l’angoisse de séparation recouvre l’angoisse pulsionnelle. Le Surmoi semble ici déficitaire, dans un contexte historique d’attaques contre les forces organisatrices du travail de la culture. Les adolescentes, lorsqu’elles cherchent à obtenir de leur mère un aveu de leurs manquements, illustrent une altercation sans fin, constitutive d’une forme contemporaine du lien, en une sorte d’addiction à la violence intersubjective. La douleur d’exister, plutôt qu’élaborée, est dramatiquement mise en scène : imputation aux parents d’une difficulté à être, recours aux troubles des conduites alimentaires et aux attaques contre le corps propre, tableaux mélancoliformes, chronicisation des fonctionnements limites et des addictions. Ces troubles recouvrent la conflictualité oedipienne plus qu’ils n’en représentent l’absence – encore faut-il saisir qu’alors la conflictualité oedipienne change. Les différentes communications s’attacheront à cerner le cœur même du problème, ou telle ou telle de ces manifestations particulières, ainsi que les réponses cliniques à y apporter. Le débat s’élargira aux enjeux de la psychanalyse contemporaine.

VENDREDI 1^er JUIN 2012 MATIN 8h30 Accueil des participants 9h Ouverture du colloque P^r. Anne BRUN (Lyon 2), P^r. Yves MORHAIN (Lyon 2) P^r. François RICHARD (Paris 7) Président : P^r. Bernard CHOUVIER (Lyon 2) Discutants : P^r Alex LEFEBVRE (Bruxelles, Belgique) 9h30 P^r. Yves MORHAIN (Lyon 2) « Destins de la relation filles et mères à l’adolescence » 10h P^r. François RICHARD (Paris 7) « Filles et mères à l’adolescence : la tentation mélancolique » 10h30 P^r. Nathalie DUMET (Lyon 2) « Obésités adolescentes : des corps en désamour » 11h Philippe GIVRE (Paris 7) « Surmoi féminin » 11h30 Discussion 12H15 Pause déjeuner APRES MIDI SYMPOSIA * Maternité, grossesse et père décrocheur Coordonnateurs : P^r. Anne BRUN (Lyon 2) P^r. François RICHARD (Paris 7) * Transmission de la féminité Coordonnateurs : P^r. Yves MORHAIN (Lyon 2) Philippe GIVRE (Paris 7) * Mère et fille dans la création Coordonnateurs : P^r Alex LEFEBVRE (Bruxelles, Belgique) P^r. Patricia ATTIGUI (Lyon 2) * Expressions de violences Coordonnateurs : P^r Antoine MASSON (Namur, Belgique) Barbara SMANIOTTO (Lyon 2) 16h45 Discussion

SAMEDI 2 JUIN 2012 MATIN 8h30 Accueil des participants Président : P^r. Philippe GUTTON (Aix en Provence) Discutants : P^r Alex LEFEBVRE (Bruxelles, Belgique) P^r Antoine MASSON (Namur, Belgique) 9h30 P^r. René ROUSSILLON « Devenir de l’homosexualité et de l’homosensualité "en double" chez l’adolescente » 10h Isée BERNATEAU (Paris 7) « L’amour à mort/la haine à vie » 10h30 Magali RAVIT (Lyon 2) « Une mère tue sa fille. Clinique de l’infanticide au regard des données projectives » 11h Fanny DARGENT (Paris 7) « Un arrachement sans fin : les scarifications à l’adolescence » 11h30 Discussion 12H15 Pause déjeuner APRES MIDI 14h P^r. Patricia ATTIGUI (Lyon 2) « Créer, échapper à l’emprise dans la filiation ? » 14H30 Johanne ROSIER (Paris 7) « Croyance et rupture de la croyance entre mère et fille : condition du changement pubertaire » 15h Vincent DI ROCCO (Lyon 2) « Mères et filles » 15h30 Mi-Kyung YI (Paris 7) “ « Triste phallus : une figure de fidélité à la mère primaire » 16h30 Discussion 17h Synthèse de la journée P^r. Yves MORHAIN, P^r. François RICHARD, P^r. Philippe GUTTON, P^r. Bernard CHOUVIER, P^r. René ROUSSILLON 17h30 Clôture du colloque